Quelques réflexions suite au procès contre des anarchistes en Belgique

Avec quelques autres anarchistes, j’étais appelé à comparaître devant un tribunal de l’État belge, accusé principalement de faire partie ce qui était, au début de la longue enquête, qualifié d’« organisation terroriste », mais a finalement été requalifié en « association de malfaiteurs ». Je n’écris pas ces lignes pour entamer un quelconque dialogue indirecte avec les institutions de l’État, ni pour raconter ma vie, mais tout simplement pour déchirer le voile de silence que l´État pourrait vouloir jeter sur d’éventuelles condamnations.

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Petit compte-rendu du procès contre des anarchistes à Bruxelles

Le 29 et le 30 avril 2019 s’est tenu à Bruxelles le procès contre des anarchistes poursuivis pour « association de malfaiteurs » et pour une série de délits.
Deux inculpés ont assisté au procès dans la salle du tribunal correctionnel. Ils ont refusé de répondre aux questions des magistrats. Les dix autres inculpés ne se sont pas présentés. Tous et toutes ont été représentés par des avocats.
Suite à la plaidoirie du magistrat Malignini du Parquet Fédéral, les avocats ont pris la parole.
Le magistrat a demandé les peines suivantes pour les différents inculpés :

  • 300 heures de travail ou une peine subsidiaire de 4 ans (1 personne)
  • 250 heures de travail ou une peine subsidiaire de 3 ans (2 personnes)
  • 200 heures de travail ou une peine subsidiaire de 30 mois (4 personnes)
  • 150 heures de travail ou une peine subsidiaire de 18 mois (1 personne)
  • 100 heures de travail ou une peine subsidiaire 12 mois (1 personne)
  • 12 mois de sursis et une amende de 50 euros (1 personne)
  • Acquittement (2 personnes)

Les inculpés ont refusé d’accepter une peine de travail. Le tribunal ne pourra donc pas prononcer une telle peine.

Le jugement sera prononcé le 28 mai 2019.

Activités à venir en solidarité avec les compagnons poursuivis par l’État belge

- Dimanche 24 mars – 17h00 – Passiflore (boulevard du Jubilé 180, 1080 Molenbeek)
Les plantes comme alliées précieuses pour nos luttes ici

- Mercredi 27 mars – 19h00 – l’Agitée (rue Gaucheret 114, 1030 Schaerbeek)
Retour sur la lutte contre la construction d’un centre fermé à Steenokkerzeel ici

- Dimanche 31 mars – 14h00 – l’Agitée (rue Gaucheret 114, 1030 Schaerbeek)
Discussion luttes et enfants ici

- Lundi 1 avril – 19h00 – Acrata (rue de la Grande Île 32, 1000 Bruxelles)
Les « mesures particulières de recherche » de l’État belge ici

- Jeudi 4 avril – 18h00 – NOVA (rue d’Arenberg 3, 1000 Bruxelles)
Projections et souper en soutien à la Lime ici

- Lundi 8 avril – 19h00 – L’Anarchive (avenue Buyl 131, 1050 Ixelles)
Projection du film Point.s de Fissures ici

PROCÈS CONTRE DES ANARCHISTES EN BELGIQUE ?

De 2008 à 2014, l’État belge a mené une vaste enquête visant les luttes multi-formes – mais toujours sans concessions – qui s’attaquaient aux centres fermés, aux frontières, aux prisons et à ce monde basé sur l’autorité et l’exploitation. Dans son collimateur : la bibliothèque anarchiste Acrata, des publications anarchistes et anti-autoritaires (Hors Service, La Cavale et Tout doit partir), des dizaines de tracts et affiches, une bonne centaine d’actions, d’attaques et de sabotages… bref, la lutte contre le pouvoir sous ses différentes expressions.

Initialement poursuivis pour « participation à un groupe terroriste », c’est finalement sous l’inculpation d’« association de malfaiteurs » que 12 compagnons seront jugés tout au long de la semaine du 29 avril 2019.

la date du procès est fixée

De 2008 à 2014, l’État belge a mené une vaste enquête visant les luttes multi-formes – mais toujours en-dehors des sentiers battus – qui s’attaquaient aux centres fermés, aux frontières, aux prisons et ce monde basé sur l’autorité et l’exploitation. Dans son collimateur : la bibliothèque anarchiste Acrata, des publications anarchistes et anti-autoritaires (Hors Service, La Cavale et Tout doit partir), des dizaines de tracts et affiches, une bonne centaine d’actions, d’attaques et de sabotages… bref, la lutte contre le pouvoir sous ses différentes expressions.

Perquisitions, micros, caméras devant et à l’intérieur de domiciles, filatures, mises sur écoute, infiltrations,… ce ne sont pas les moyens d’investigation qui ont manqué. Et pourtant tout cela n’a à aucun moment permis de prouver l’existence d’un supposé « groupe terroriste anarchiste » qui n’existait que dans les schémas autoritaires des flics. Pas prêt à lâcher l’affaire pour autant, le parquet a donc dû revoir ses ambitions à la baisse, mais compte bien faire payer l’addition à quelqu’un malgré tout. C’est finalement sous l’inculpation plus malléable d’ « association de malfaiteurs » que 12 compagnons et compagnonnes seront renvoyés devant le tribunal correctionnel le 29 avril et les jours qui suivront.

Mais en fait, cela vise tout individu qui, dans sa lutte contre ce monde, part de l’auto-organisation, de l’action directe et de l’hostilité envers toute autorité. En cela, ce procès est une attaque répressive contre la lutte anti-autoritaire dans son ensemble, une attaque qui s’inscrit dans un contexte de répression toujours plus grande à l’encontre de tous les indésirables et révoltés, aux frontières comme dans les quartiers, sur les lieux de travail comme dans les prisons,…

Le 22 octobre 2018, les échéances pour la comédie judiciaire ont été fixées. Dans les mois qui viennent, la défense et l’accusation devront déposer leurs conclusions écrites concernant le dossier. Le procès débutera alors le 29 avril 2019 et est censé durer 4 jours.

Les inculpations retenues sont :

  1. Avoir en qualité de provocateur, chef de bande ou pour y avoir exercé un commandement quelconque, fait partie d’une association formée dans le but d’attenter aux personnes et aux biens par la perpétration de crimes et de délits. (Accusation visant 3 personnes)
  2. Avoir fait partie d’une association formée dans le but d’attenter aux personnes et aux biens par la perpétration de crimes et de délits, pendant des périodes plus ou moins longues (Accusation visant 9 personnes)
  3. Tentative d’incendie contre le centre fermé de Steenokkerzeel lors de la manifestation sauvage du 21 janvier 2009 devant le centre fermé en question (Accusation visant 8 personnes)
  4. Avoir commis une attaque ou avoir résisté avec violences ou menaces envers six policiers lors de la manifestation sauvage du 21 janvier 2009 devant le centre fermé de Steenokkerzeel (Accusation visant 8 personnes)
  5. Menace d’un attentat contre les personnes ou les propriétés lors d’un lancement de feu d’artifice devant la prison de Forest le 4 octobre 2010 (Accusation visant 3 personnes)
  6. Destruction des propriétés mobilières d’autrui lors d’une bagarre avec les chauffeurs de deux limousines à la sortie de la « Rencontre autour du livre subversif » du 15 octobre 2011, (Accusation visant 3 personnes)
  7. Coups et blessures contre deux chauffeurs de limousine lors de cette même bagarre du 15 octobre 2011 (Accusation visant 3 personnes)
  8. Avoir commis une attaque sur deux policiers ou leur avoir résisté avec violences ou menaces lors d’une manifestation sauvage à Anderlecht du 12 novembre 2010 (Accusation visant 2 personnes)
  9. Coups et blessures sur un agent dans la nuit du 1 octobre 2010 (Accusation visant 1 personne)
  10. Fabrication et transport d’armes, en l’occurrence des barres de fer, des fumigènes et des clous tordus, le 1 octobre 2010 et le 12 novembre 2010 (Accusation visant 4 personnes)
  11. Graffitis à différentes occasions, avec la circonstance aggravante de « mobile de haine » (Accusation visant 7 personnes)
  12. Entrave méchante à la circulation à plusieurs occasions (Accusation visant 4 personnes)
  13. Avoir injurié des fonctionnaires européens, avec la circonstance aggravante de « mobile de haine » (Accusation visant 3 personnes)
  14. S’être publiquement attribué le titre d’avocat honoraire (Accusation visant 2 personnes)

Si se battre pour la liberté est un crime, l’innocence serait vraiment le pire de tout.

 

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Pour replacer ce procès dans son contexte, nous vous renvoyons vers d’autres textes qui ont été écrits à l’occasion :

Sans relâche. A propos des récents coups répressifs contre les anarchistes et anti-autoritaires sur le territoire belge. (octobre 2013) http://lalime.noblogs.org/post/2016/03/29/sans-relache-a-propos-des-recents-coups-repressifs-contre-les-anarchistes-et-anti-autoritaires-sur-le-territoire-belge/

À propos du procès anti-terroriste à venir contre des anarchistes et des anti-autoritaires en Belgique (avril 2016) http://lalime.noblogs.org/files/2016/03/a-propos-du-proces-belgique.pdf

Puis, pour revenir un peu sur cette période-là, on peut recommander :

Tout doit partir. Pour la liquidation totale de ce qui nous détruit. Les numéros de ce journal sont consultables dans des différentes bibliothèques anti-autoritaires. On peut aussi les télécharger sur le net.

Brique par brique. Se battre contre la prison et son monde (Belgique 2006-2011). Paru aux éditions Tumult (tumult.noblogs.org)

Éclats de liberté. La lutte contre la construction d’un nouveau centre fermé pour clandestins à Steenokkerzeel (Belgique, 2009-2010). Paru aux éditions Tumult (tumult.noblogs.org)

Hors Service. Recueil de textes du journal anarchiste 2010-2014. Paru aux éditions Tumult (tumult.noblogs.org)

Jugement de la Chambre du Conseil

Le 1/08/2017, la Chambre du Conseil de Bruxelles a rendu son jugement quant au renvoi devant un tribunal correctionnel ainsi que les accusations. Avant qu’on a pu prendre connaissance de ce jugement, un communiqué de presse émanant de la Justice circulait déjà. Repris par des journalistes, les articles parus ensuite dans la presse ne contiennent que des erreurs, mélangeant cette enquête avec celle plus focalisée sur la lutte contre la maxi-prison, se référant à des faits qui se sont passés en dehors de la période concernée par cette enquête et finalement se trompant totalement sur les accusations finalement retenues par la Chambre du Conseil.

Tout d’abord, la Chambre a supprimé l’aggravante de terrorisme partout où le Parquet Fédéral l’avait collé à un délit précis, supprimant en même temps aussi l’accusation de participation à un groupe terroriste. Ensuite, la Chambre a supprimé pas mal d’accusations dont elle estimait qu’il n’y avait pas de charges suffisantes pour justifier un renvoi devant le tribunal correctionnel, notamment les accusations concernant l’attaque contre le commissariat de police dans les Marolles, l’incendie de plusieurs bagnoles de gardiens de prison sur le parking de la prison d’Ittre, la fabrication de fausses fiches de paie, quelques vols dans des supermarchés, l’incitation à commettre des infractions terroristes (requalifiés d’abord en « incitation aux crimes et délits », mais ensuite supprimés parce qu’il y a prescription).

Par contre, la Chambre de Conseil a requalifié « la participation à un groupe terroriste » en « faire partie d’une association formée dans le but d’attenter aux personnes ou aux propriétés, par la perpétration de crimes ou délits » (9 personnes accusées), et transformant alors « dirigeants d’un groupe terroriste » en « provocateurs ou chefs de bande d’une association formée dans le but d’attenter aux personnes ou aux propriétés, par la perpétration de crimes ou délits » (3 personnes accusées). D’autres charges retenus sont :

– « Tentative d’incendie d’un bâtiment habité » lors de la manifestation sauvage devant le centre fermé pour illégaux à Steenokkerzeel le 21/01/2009. (8 personnes accusées)

– « Avoir attaqué, résisté avec violences ou menaces » contre des flics lors de la manifestation à Steenokkerzeel le 21/01/2009). (8 personnes accusées)

– « Dégradations » d’une limousine le 16/11/2011, aggravées par le fait que le délit est inspiré « de haine, mépris, hostilité en raison de la fortune des victimes ». (3 personnes accusées)

– « Coups et blessures » au chauffeur de la limousine (3 personnes accusées)

– « Avoir attaqué ou résisté » aux flics lors d’une manif sauvage à Anderlecht le 12/11/2010. (2 personnes accusées)

– « Coups et blessures » à un agent le 1/10/2010 (1 personne)

« Avoir fabriqué des armes prohibées », le 1/10/2010 pour des hérissons (2 personnes), le 12/11/2010) pour des barres de fer (2 personnes).

« Menace d’attentat » contre une personne habitant à côté de la prison de Forest, réveillée par des feux d’artifice début octobre 2010 et pas content du bruit (3 personnes).

– « Graffitis » avec l’aggravante d’être « inspirés par la haine » (8 personnes).

– « Entrave méchante à la circulation fluviale » lors d’une manifestation sauvage à Anderlecht (2 personnes).

– « Injures » contre des fonctionnaires européens (3 personnes).

– « S’être attribué le titre d’avocat » (2 personnes).

Le Parquet a 15 jours pour éventuellement faire appel à cette décision de la Chambre du Conseil. Au total, il y a 12 compagnonnes et compagnons qui sont poursuivis.

La magistrature belge semble donc vouloir renouer avec une vieille tradition dans la répression des anarchistes en les poursuivant pour « association de malfaiteurs ». On y reviendra.

Nous profitons de l’occasion pour saluer les anarchistes et les révolutionnaires se trouvant dans les geôles des États partout dans le monde, ainsi que toutes celles et ceux qui se battent pour la destruction de l’autorité.

La Lime

Bruxelles, 2/08/2017

La décision de la Chambre du Conseil encore reportée // Beslissing Raadkamer weer uitgesteld

Le 29 juin 2017, la juge de la Chambre du Conseil a ordonné la réouverture des débats, car il manquerait des procès-verbaux initiaux des certaines accusations. Une nouvelle audience aura lieu le 14 juillet pour le dépôt de ces procès-verbaux (pas de nouvelles plaidoiries). Ensuite, la Chambre donnera son jugement dans les 15 jours.


Op 29 juni 2017 liet de rechter van de Raadkamer de debatten heropenen omdat er initiële proces-verbalen van bepaalde aanklachten zouden ontbreken. Een nieuwe zitting zal plaatsvinden op 14 juli om die proces-verbalen in te dienen (dus geen nieuwe pleidooien). Daarna zal de Raadkamer uitspraak doen binnen de 15 dagen.

Retour de flamme solidaire

“4 véhicules de l’entreprise Fabricom ont brûlé à Saint-Gilles lundi matin (26/6)

en solidarité avec les anarchistes dans le collimateur de la justice anti-terroriste en belgique

pour envoyer force et courage à toutes celles et ceux qui portent la rage de la révolte dans leur coeur

Repris de Indymédia Bruxelles, http://bxl.indymedia.org/spip.php?article14733

 

Attaque incendiaire des locaux d’Enedis (Crest, France)

CREST – Un incendie qui s’est déclaré dans la nuit de jeudi à vendredi (9/06/2017), a détruit une grande partie des locaux du site Enedis (ex ERDF) rue quai Pied-Gai. Les bureaux et locaux techniques ont été la proie des flammes. Huit personnes travaillent sur le site qui abrite le service d’entretien du réseau 20.000 volts. Le garage abritant plusieurs véhicules a été épargné. Il n’y a aucun blessé. L’attaque a ensuite été revendiquée par Konspiration d’Individualités Complices et Kaotiques (K.I.C.K.). Le communiqué qu’on peut lire ici, dit à la fin que “La joie que nous avons ressentie cette nuit là, nous voulons la partager avec d’autres. A Krèm, parce qu’il a toujours su garder le silence. A Kara, parce que même si elle n’a pas su garder le silence, elle a eu le courage de revenir sur ces déclarations. A Damien, parce que ces mots et sa détermination nous donne de la force. Aux anarchistes de Bruxelles qui font face à un procès anti – terroriste pour avoir lutté sans médiation contre toutes les prisons. Aux inculpé.es de Scripta Manent, qui refusent d’endosser un rôle de victimes. A Nicolas Gai et Alfredo Cospito qui ont su assumer des positions fermes malgrè les risques, et qui se sont donné les moyens de leurs ambitions.A celleux qui veulent s’envoler quitte à se bruler les ailes.”

9/06/2017