Ces dernières semaines (juin 2011), plusieurs compagnons ont été approchés ou appelés par des types douteux qui leur proposaient sans détours de filer des informations sur le mouvement anarchiste et qui cherchaient à les faire chanter. Il n’est dès lors pas exclu que cela fasse déjà un bon moment que les chiens de garde de l’Etat cherchent à recruter des mouchards.
Nous n’avons jamais été dupes quant au fait que notre lutte contre toute autorité serait facile ; que nous ne rencontrerions pas d’obstacles répressifs sur nos chemins. Par ailleurs, nous n’avons jamais cru non plus que l’Etat se la jouait et se la jouerait fair-play. L’actuelle quête de mouchards, le sale chantage qu’ils emploient pour faire pressions sur des compagnons, les pauvres intrusions dans les maisons des compagnons pour y installer des appareils d’écoute et de vidéosurveillance cachés, les lâches tabassages de compagnons menottés dans les cellules des commissariats : voilà donc un chemin qu’ils sont en train d’explorer pour essayer de briser le mouvement des ennemis de toute autorité.
Ces pratiques sont à l’image des mécanismes qui traversent l’ensemble de la société. Du chantage salarial à la menace de la prison, de la mentalité -malheureusement trop répandue- de balance à la lutte des places pour gravir les barreaux de l’échelle sociale. Les actuelles tentatives d’intimidation sont donc à la hauteur de cette société que nous combattons, et elles ne provoquent qu’une seule chose chez nous : un profond raclement de gorge pour leur cracher à la gueule.
De tous temps et en tous lieux, les activités des anarchistes et des antiautoritaires, aussi modestes soient-elles, ont attiré l’attention malveillante de l’Etat, même en Belgique. Les possibilités que nos révoltes rencontrent celles des autres rebelles de cette société leur foutent les nerfs. La diffusion d’idées séditieuses et éprises de liberté dans un climat social toujours plus instable leur paraît chaque jour plus intolérable ; la multiplicité de l’action directe, de l’auto-organisation et des pratiques d’attaques incontrôlables et diffuses échappe à leur emprise pacificatrice. Alors ce n’est pas une coïncidence s’ils n’ont pas seulement recours à des lourdes peines de prison, mais qu’ils essayent aussi de créer des fausses divisions et autres séparations (« les bons » et « les méchants » ; les « coupables » et les « innocents ») pour tenter de restreindre la diversité et la richesse des pratiques et des angles d’attaque et couper les liens de solidarité et de complicité.
On ne le répétera jamais assez : soutenons-nous les uns les autres via une attitude d’insoumission totale et de non-collaboration face à la justice, à ses limiers et à ses amis-journaleux. Il n’y a rien à leur dire, il n’y a rien à discuter avec eux. Ils sont passés maîtres dans l’art d’utiliser et d’abuser tout ce que tu dis à des fins répressives. Il est important de faire gaffe à ce que personne ne se retrouve seul face à une horde de ces chiens de garde, face à d’éventuels chantages et menaces, face à l’intimidation judiciaire. Continuer à prendre nous-mêmes l’initiative ; continuer à déterminer nous-mêmes ce dont nous voulons discuter et comment nous voulons lutter, aussi en des périodes de menace répressive plus intense, est la réponse la plus forte que nous puissions donner. Il n’y a pas à rechercher ou à accepter le dialogue avec le Pouvoir et ses sbires ; le mutisme des rebelles face au pouvoir et le fait de maintenir ouvert ou conquérir l’espace de discussion libre avec d’autres révoltés et mécontents sont certainement des lignes de défense très fortes.
En aucun cas, nous ne devrions perdre le nord à la vue des manœuvres répressives. Ces manœuvres étaient de toute façon déjà en cours. Que ce soit contre des antiautoritaires ou contre d’autres rebelles (n’oublions pas par exemple ces réfractaires du système qui se retrouvent déjà derrière les barreaux, voire en isolement). Et ces manœuvres existeront aussi longtemps que l’Etat restera debout. Notre attention devrait continuer à aller vers ce qui nous préoccupe vraiment : répandre les idées anarchistes et antiautoritaires, soutenir et développer des expériences d’auto-organisation et d’action directe, jeter de l’huile sur le feu des troubles sociaux – chacun.e à sa manière et selon sa propre cohérence antiautoritaire. Voilà pourquoi nous sommes des rebelles, des anarchistes, des insoumis à toute autorité ; voilà pourquoi nous serons toujours sur le pied de guerre avec cette société, ses institutions, ses représentants, ses protecteurs.
Aucune collaboration avec la Justice et le Pouvoir ! Aucun dialogue avec les chiens de garde de cette société putride ! Pour la révolte, la solidarité et l’anarchie !
Juin 2011,
Des ennemis de toute autorité.